Le tatouage traditionnel américain
Des frégates aux salons de tatouage
« Le professeur Samuel F. O’Reilly avait l’habitude de déclarer solennellement qu’un marin américain sans tatouage est comme un navire sans grog pas digne de la mer, (une propagande intelligente qui, soit dit en passant, a tendu à faire du tatouage chez les marins un cérémonial d’initiation obligatoire) » Albert Parry
Dans sa forme la plus ancienne, le tatouage traditionnel américain était une pratique maritime. Au cours des siècles, ce rituel de l’encre a pris place au sein de la communauté navale pour devenir un langage universel intradermique. Son vocabulaire s’est étoffé sur chaque navire, à chaque périple, à chaque guerre et dans chaque port de ce vaste monde. Le traditionnel américain s’est tissé des désirs et des peurs du matelot seul face aux dangers de l’océan, loin de la terre ferme et de ses proches. Las de la vie maritime, les marins tatoueurs se sont établis dans les quartiers chauds des villes portuaires pour encrer leurs congénères de passage.
« Certains d'entre eux ont apparemment trouvé que leurs tatouages contribuaient à ce sentiment de parenté avec leurs camarades de bord et avec les autres marins. Le tatouage n'était pas très répandu dans la population des États-Unis à cette époque et cette pratique différenciait donc le marin du terrien. Les ancres, les sirènes, les baleines et les navires que ces marins marquaient sur leur corps les identifiaient aux yeux des autres marins et indiquaient aux non-initiés qu'il s'agissait d'hommes qui avaient bravé les frontières les plus difficiles que l'époque avait à offrir et qui avaient vu des paysages exotiques que les terriens ne verraient jamais. Ces premiers marins étaient authentiques : ils étaient ce que leurs tatouages laissaient entendre : courageux et aventureux, durs et compétents. » Ira Dye
D’autres artistes ont contribué à populariser cet art au sein des terres américaines, les artistes de sideshows. Inspirés par les histoires de naufragés tatoués « de force » par les autochtones, ces freaks à la peau bleue ont répandu l’idée d’un tatouage plus exotique, excitant la curiosité de l’américain qui n’avait jamais quitté le continent. Audacieux, ces femmes et ces hommes se sont approprié le dermographe pour encrer les populations lors de leurs tournées. Ils ont transporté l’art du traditionnel loin des marins et des ports.
Dans ce livre, je retrace les origines du traditionnel américain en observant son évolution au travers de prismes plus larges comme ceux du voyage, de la religion et de la découverte du monde, de la communauté des marins ou de l’histoire des États-Unis d’Amérique.
Alexandra Bay
